Mon idée était de mener un petit laboratoire plastique et d’initier avec le groupe de l’atelier d’art plastique une sorte
de réflexion sur la place de l’objet dans la société et sa valeur totémique. Ceci était le point de départ du projet de création 2015, de ma Compagnie « les allumeurs ». IB, artiste plasticien intervenant à l’année pour l’association,
était partant pour m’aider à mener cette expérience.
J’avais préparé pour la première séance plusieurs diaporamas à montrer au groupe. Le premier présentait le travail
que je fais avec ma Cie « Les Allumeurs », essentiellement de l’installation. Le principe leur semblait assez familier
et j’en étais ravie. Mon travail dans l’ensemble leur faisait peur. Nous avons ensuite regardé d’autres installations d’artistes contemporains ayant pour médium l’objet, tels que Messager, Camillieri, Adeagbo, les nouveaux réalistes,
le mouvement Fluxus, mais aussi des artistes d’art brut. J’avais emmené avec moi de nombreux livres sur cette question, notamment celui de l’exposition de la fondation quartier sur l’esthétique des fétiches, qu’ils ont beaucoup aimé parcourir.
Après cette première immersion je leur ai demandé de peindre l’impression qui restait de ce qu’ils avaient vu et qui pourrait être une première approche de la question. Ils étaient  tous munis du même format carré et ils ont procédé comme ils avaient l’habitude de le faire : dessin préparatoire au crayon, encre de chine et peinture. Je leur demandais une fois la peinture sèchée de la retravailler aux pastels. La séance suivante nous les attendions IB et moi-même
avec tout un bric à brac trouvé aux abords et classé par genre : morceaux de bois, lianes, morceaux de tissus, de plastique
ou de métal, cannettes…  ainsi que différents types d’accroches (ficelles, scoubidou, fil de fer…etc.).
A partir de ce qu’ils avaient dessiné, ils commencèrent à créer leur volume. Nous les assistions pour coller, percer, clouer, faire que tout ça puisse solidement tenir.
A la fin de cette seconde séance, le volume avait déjà pris forme. S’en suivirent plusieurs autres ou ils retravaillèrent
avec de la pâte à papier que nous fabriquions en atelier avec eux et qui permettait de modifier les formes initiales.
Ils fabriquèrent ensuite  un mélange des différentes terres locales et de colle pour l’utiliser en liants colorés. Quarante sculptures ont ainsi vu le jour, dont vingt sont exposées aujourd’hui. Une fois ce travail terminé, nous leur avons demandé de faire un petit schéma explicatif à l’encre de ce qu’ils avaient fabriqué et des éléments qu’ils avaient utilisés.
Une autre série de quarante sculptures ont été commencées avec des structures cette fois ci en bâtonnets et l’intérieur
en papier marché. Elles n’ont pu être achevées et IB a donc pris le relais pour aller au bout de cette nouvelle aventure.